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18 janvier 2023

Quelles pistes pour améliorer le bien-être animal au pâturage en période de fortes chaleurs ?

Du 15 au 17 juin, Farago Aveyron a accueilli la 8ème édition des biennales du bâtiment. Ces journées techniques et conviviales permettent aux conseillers bâtiment du réseau national de se réunir et d’échanger sur le logement et le bien-être des animaux.

L’an dernier, un premier module consacré à la lutte contre le stress thermique en bâtiment a été abordé. Ce travail a été poursuivi en juin avec le volet « pâturage » où l’objet de ces journées était l’optimisation du bien-être animal en période de canicule.

Des animaux adaptés à leur milieu

Les biennales ont commencé par l’intervention de Miranda Millerioux, vétérinaire, qui a présenté les conséquences d’un stress thermique sur les animaux et leurs mécanismes physiologiques d’adaptation. Avant tout elle définit le stress thermique comme étant l’incapacité des animaux à maintenir une température normale lorsque la température, l’humidité, le rayonnement solaire et l’amplitude thermique sont trop élevés. Ainsi, en période de fortes chaleurs l’animal, se met en mode « économie d’énergie », le stress thermique entraine un déséquilibre du métabolisme (acidose, pertes en minéraux, …) provoquant une baisse de la production et de l’immunité, favorisant ainsi un terrain propice au développement de maladies.

Un parallèle « exotique » !

Un parallèle avec les races de zébus, bien plus résistantes à la chaleur que nos vaches, a été fait. Leurs glandes sudoripares étant plus grosses et plus proches de la surface de la peau, les zébus peuvent plus facilement transpirer pour réguler leur température. Des gênes apportant une meilleure résistance au stress thermique ont été identifiés chez les zébus et introduits dans des races de vache. Il a cependant été observé une baisse importante de production et un changement de comportement (lié au comportement du zébu). Les vaches ayant la meilleure résistance sont finalement celles qui s’adaptent naturellement à leur milieu au fil des ans et des générations. Il a en effet été démontré que les animaux nés en période de fortes chaleurs ont, malgré une production plus faible, une meilleure capacité à résister aux conditions chaudes.

Des pâtures bien pensées

Le lendemain, Sandra Frayssinhes de la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron, a présenté plusieurs pistes pour optimiser le pâturage.  Un respect du cycle des plantes par un pâturage au bon stade permet en effet de ne pas entamer la réserve glucidique de la plante et ainsi favoriser sa repousse. La production et la pérennité de la prairie sont alors optimisées. De plus, une bonne gestion des prairies grâce à un pâturage tournant permet d’éviter les refus et le surpâturage, et par conséquent, de mieux valoriser l’herbe produite. Sandra Frayssinhes expliquait également l’importance de la forme des parcelles et de l’accès à l’eau. Sur une parcelle mal conçue, certaines surfaces peuvent en effet être délaissées ou piétinées. Un point d’eau au mauvais endroit, qui plus est avec un débit insuffisant, entraine un défaut d’hydratation pour les vaches, ce qui sera d’autant plus problématique en période de canicule ! Pour finir, il a été rappelé que pour avoir des animaux en bonne santé il ne fallait pas oublier d’aménager ses chemins d’accès. Avec un chemin adapté (nature du sol, largeur), les déplacements sont plus rapides et les problèmes tels que les boiteries ou les affections liées à l’état de propreté de la mamelle peuvent être limités.

Et les haies dans tout ça ?

Laura Fournier de l’association « Arbres haies paysages d’Aveyron » a ensuite présenté l’intérêt pour les animaux d’avoir des arbres et des haies dans les pâtures. Pour agrandir les parcelles, des milliers de kilomètres de haies sont arrachés depuis de nombreuses années mais ce n’est pas sans conséquence pour les animaux au pâturage et l’environnement. Privés d’ombre les animaux souffrent davantage de la chaleur ce qui leur demande des efforts d’adaptation encore plus importants. Ceci entraîne un déséquilibre métabolique, un changement de comportement et une baisse des performances de production et de reproduction. Comme l’a précisé Miranda Millerioux dans sa présentation, jusqu’à 20°C la vache est dans une zone de confort thermique, de 20 à 25°C elle s’adapte facilement à la chaleur mais au-delà de 25°C l’adaptation devient difficile. Laura Fournier précise qu’une différence de 5°C peut être observée entre une zone à l’ombre et une zone au soleil, il est donc indispensable de mettre les animaux dans des parcelles disposant d’ombre les jours de canicule ! Pour cela, il est important de maintenir, voir de replanter, des arbres et des haies afin de « créer des oasis » pour les animaux. Pour avoir un repère, Miranda Millerioux précise que pour savoir facilement si une vache a chaud ou non, il suffit de regarder comment on est habillé : si on supporte un pull c’est que la vache est bien, si on l’enlève c’est que la vache, elle, a trop chaud ! Enfin, bien pensées, les zones d’ombrage ne sont pas une contrainte si un jour l’éleveur décide de cultiver ses parcelles. En anticipant les zones de plantation, la circulation des engins est prévue.

Les haies ont plus d’un tour dans leur sac !

En plus d’apporter de l’ombre, de drainer les sols, de limiter l’érosion et d’augmenter la biodiversité, les haies peuvent également servir en bâtiment. Soit, mais comment ? Grâce à la production de plaquettes ! Comme l’a présenté Bernard Miquel de la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron, les plaquettes de bois peuvent être une alternative intéressante à la paille pour la litière des animaux. La production de plaquettes demande certes un peu de logistique pour la taille des haies, le broyage, le transport et ensuite le stockage, mais elles ont un bon pouvoir absorbant et une excellente portance tout en étant moins cher que la paille.

L’agroforesterie au service de l’élevage

Le groupe a ensuite visité l’exploitation du GAEC des Jean à Flagnac. Jean-Christophe Lacombe, éleveur de vaches Aubrac et remarquable ambassadeur de l’agroforesterie a ainsi présenté ses projets de replantation. En 2006, afin de limiter l’érosion du sol, une première haie de 300m de long a été plantée en collaboration avec l’association « Arbres haies paysages d’Aveyron ». Suite à cette première plantation l’éleveur s’est fortement intéressé aux avantages de l’agroforesterie. Une première parcelle de 2,5ha a ainsi été reboisée puis une seconde parcelle de 3ha où une centaine d’arbres ont été plantés l’hiver dernier. Ces parcelles sont utilisées pour faire du pâturage tournant, mais avec une implantation des arbres minutieusement étudiée, l’éleveur se garde la possibilité de retravailler un jour ses terres. Plusieurs essences d’arbres ont été plantées afin d’avoir des vitesses de pousse différentes, et de s’adapter aux qualités et profondeurs variables du sol. En plus de l’ombre apportée aux animaux, d’une meilleure circulation de l’eau, d’un plus grand stockage du carbone et bien d’autres avantages, l’agriculteur utilise également ses haies pour produire des plaquettes et n’utilise ainsi plus un seul brin de paille. La boucle est bouclée !

Léa CARRERE

Farago Aveyron